
"Comprendre la Révolution française… C’est bien la nécessité de saisir dans leur complexité les causes et les conséquences de cet événement fondateur de la modernité politique qui pousse les historiens, dès le Premier Empire, à travailler sur une période récente. Dès les années 1820, la place de la Révolution dans l’histoire est en elle-même source de débats. Est-elle l’aboutissement ultime de l’Ancien Régime et doit-elle donc en être la conclusion ? Est-elle au contraire une rupture, une nouvelle naissance et à ce titre, faut-il l’afficher comme l’acte fondateur de la France contemporaine ? (...) Toutefois, comprendre la Révolution française nécessite d’appréhender
le plus justement possible le monde qui l’a précédé. C’est exactement le sens de la démarche d’Alexis de Tocqueville dans L’Ancien Régime et la Révolution. L’auteur y souligne que les événements de 1789, pour brutaux qu’ils soient, sont plus les signes d’une continuité que d’une rupture. Et seule une étude approfondie des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle peut permettre de donner un sens juste à la Révolution.n (...) La mode est plutôt à
l’étude du Moyen Âge, jusque dans les années 1860, même si quelques historiens s’intéressent à l’époque de la Renaissance et des guerres de religion. (...) Gabriel Hanotaux est ainsi un des premiers
chartistes en 1878 à se lancer dans une thèse sur l’origine des intendants des provinces au début du XVIIe siècle. Henri Hauser se spécialise à la fin du XIXe siècle dans l’histoire de la Réforme, mais aussi plus largement
dans l’histoire sociale et économique de la période moderne. Il fait figure de précurseur de l’École des Annales."
Frédéric MANFRIN